Xavier Christiaens is a self-taught Belgian film-maker living in Brussels who was born in 1963. After working as an actor, playwright and assistant (to filmmakers such as Bruno Dumont), he has been making films on video since 2003. He is a persistent inventor of artistic forms and his work is located on the border of genres and practices. He conceives his films with rigorous and uncompromising independence and autonomy, is rigourous and very demanding towards the medium, which places him in a line along with avant-garde film-makers. An artist without boundaries, he orchestrates the various points of attraction in his films: their writing, framing, editing, sound and direction (his companion Sandrine Blaise also works on his films). Their films respond to the challenge of the program proposed by Jean Epstein in 1946, when he wrote in his book Intelligence d’une machine that “The cinema brings us into the presence of the unreality of space-time”.

Cahiers du cinema Juin 2016 N° 723

"Un train qui s'évanouit et la steppe est rendue plus immense que jamais." Cette phrase du film Le Goût du koumiz (2003) condense son entrée saisissante et le fil d'une oeuvre hors norme, nébuleuse mais assurée : corps fragile face à l'infini turbulent, un scarabée erre le long d'une vitre où défilent les nuées. Celles-ci vont emporter les visions, une parole, un chant d'exil. Evocation troublée du supplice imposé par les autorités soviétiques à la famille d'un nomade du Kirghizistan, entre une voix claire et des images désorientées,brouillant les repères spatio-temporels, le film commence et finit par un train qui défile et s'évanouit à travers la steppe -projection possible d'un cinéma stimulant les projections des spectateurs, voyage extérieur et intérieur, spectacle hébété mais lucide d'un monde vécu, vu et transformé à travers des déchirures lointaines et la vitre embuée du temps. En plus de ce premier moyen métrage vidéo du cinéaste belge Xavier Christiaens (qui a été assistant de Bruno Dumont et scénariste de L'Afrance d'Alain Gomis) ce coffret contient son faux jumeau La Chamelle blanche (2006) radicalisant son exploration formelle en mer d'Aral asséchée, avec des codes résiduels de science-fiction - en attendant l'édition d'Au-delà des icebergs (2013). Plongeant dans les blessures du monde, c'est dans la trouble clairvoyance d'une convalescence intime et collective que l'oeuvre de Xavier Christiaens réinvente le nomadisme. Errance, apparitions et émergences semblent tendre vers une nouvelle transhumance des esprits et, peut-être, une secrète renaissance.